Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article STATUS QUAESTIO

STATUS QUAESTIO. Ce mot désigne les procès relatifs à l'état d'une personne, sur la question de savoir si elle est libre ou ingénue ou enfant légitime de tel individu. Le status étantassimiléà un droit réel, l'action en reconnaissance du status est considérée à l'époque classique comme une action in rem'. Dans la procédure formulaire c'est probablement sous la forme d'un praejudicium de libertate ou de ingenuitate ou de partu agnoscendo, plutôt que sous la forme d'une action réelle que le procès s'engage pour un vivant, qu'il y ait en jeu un intérêt moral ou simplement un intérêt pécuniaire A l'égard d'un mort la question d'état n'est discutée que préalablement à une autre question, devant le juge même de cette dernière ; et depuis Nerva, l'état ne peut plus être contesté après les cinq années qui suivent la VIII. mort, sauf pour faire donner au défunt un état meilleur'. Pour les trois procès de libertate (ou liberalis causa), de ingenuitate, de partu agnoscendo, nous renvoyons à l'article pRAEJunICluM. Ajoutons seulement que pour les deux premiers, il y a la procédure extraordinaire devant les consuls au moins dès l'époque d'Antonin' ; ensuite aux consuls a été adjoint le préteur de liberalibus eausis [PRAETOR], qui après Dioclétien a seul juridiction en cette matière. L'Empire a généralement favorisé partons les moyens la revendication de la liberté (favor liberta STELLA ('Aacer(xoç). Les anciens arpenteurs [AGRIMENSOREs, MENSORES] désignaient ainsi un instrument de topographie, qui se composait essentiellement de deux règles assemblées par leur milieu à angle droit, et à chacune des extrémités desquelles se trouvait un fil à plomb. Ni Columelle, qui appelle de même la croix formée, dans le treillage de la vigne, par la perche horizontale avec les pieux verticaux qui la traversent', ni Héron d'Alexandrie, qui en a fait une critique défavorable 2, ne renseignent davantage sur la stella. On sait seulement, par le célèbre ingénieur alexandrin, que l'usage de cet appareil présentait des difficultés provenant de ce que les fils à plomb, au lieu de se placer promptement dans le sens de la verticale, oscillaient un certain temps, surtout lorsque le vent agissait sur eux. « C'est pour cela, dit IIéron, que quelques personnes, afin de remédier à ce désavantage, introduisent les fils dans des tubes de bois. Mais alors, quand les plombs viennent frotter contre les parois de ces tubes, les fils ne restent plus rigoureusement perpendiculaires à l'horizon. n On souhaiterait d'autres détails et plus de précision. On ne voit pas, notamment, de quelle manière les tubes étaient placés, et il est probable qu'ils reposaient à même sur le sol ; mais la stella, abstraction faite de cet accessoire, se conçoit sans aucune peine. Les deux règles qu'elle comportait ne pouvaient être utilisables qu'à la condition d'être placées en équilibre (perpensa) dans un plan horizontal, sur un support quelconque, tel qu'une tige reposant elle-même sur un trépied. Elles fournissaient, alors, par les plans perpendiculaires que déterminaient les fils, le deuxième côté d'un angle droit dont on connaissait, ou dont on se donnait le premier. Nous verrons plus loin de quelle manière. Selon Venturis, la stella ainsi décrite ne serait pas différente de la groma dont les Romains se servaient pour la mesure des champs. « Saumaise, dit-il, avait bien deviné que celle-ci était une espèce d'équerre en en faisant venir le nom, sur l'autorité de Festus' et des glossaires, du mot grec yvlé ao v ; mais ensuite il se trompe étrangement en la confondant avec le chorobate de Vitruve [cuonoBATES]. Lagroma était précisément l'étoile critiquée par Héron... L'arpenteur embrassait de l'oeil deux des fils opposés, c'est-à-dire dirigeait par ces fils un 189 1 ~. ,ÏBCLAVDIA kE3VTIVSLL ~VSTVSM ENSC / iVIR SIBIIET L tRRIAE'Q AVCTAI Śt VXORIrET-SVIS'ET ZLPYRE IISERT ?.a V_ F --' STE 1506 STE rayon visuel ; et c'est ainsi qu'il dictait les rigores et les melae sur le terrain. Puis il plaçait les interversurae et les tetrantes en visant parles deux autres fils. » Les arpenteurs romains nomment, sans les distinguer, la groma et le ferramentum. Venturi fait, de celui-ci, le support de la stella ou de la groma, mais en reconnaissant que l'appareil tout entier a pu être désigné également sous le nom de ferramentum. Hase et Biot', et après eux Vincent sont du même avis que Venturi pour ce qui regarde la synonymie des mots stella et groma, et les mots groma et ferramentum doivent bien être pris l'un pour l'autre, seulement ce serait la groma, qui aurait donné son nom au ferramentum, dont elle n'était que la pièce principale, c'est-à-dire, l'ensemble des deux règles et des fils à plomb. D'après Rudorff enfin, et son opinion nous parait la meilleure, le mot groma, dans un sens plus précis, se serait appliqué à la totalité de l'instrument composé de deux parties : les règles, ou stella, avec leurs fils (nerviae, fila, perpendiculi), et le support ou ferramentum3. En soi, d'ailleurs, cette question n'a qu'un intérêt relatif. Ce qui importe le plus, est de savoir si la groma comptait une stella dans ses éléments, ou se confondait avec elle; or, il ne semble pas que, sur ce point, les avis soient partagés, encore, nous le répétons, que tout témoignage précis fasse défaut. Jusqu'à ces dernières années, on ne possédait, de la stella ou de la groma , qu'une image , fourni e par l'épitaphe d'un mensor, conservée au musée d'Ivrée4. Le personnage, un ancien affranchi, appelé Aebutius Faustus, parvenu au sévirat, avait, de son vivant, fait sculpter, sur sa tombe, les insignes de sa fonction religieuse, c'est-à-dire le bisellium, garni d'un coussin et les faisceaux, puis, au-dessous, l'instrument de sa profession. Celui-ci se composait, ainsi qu'on le voit (fig. 6627), d'une sorte de tige, représentée verticalement, et de deux règles croisées, entre les bras desquelles, à droite et à gauche, sont suspendus deux fils à plomb. La tige, dont la forme est légèrement tronconique, est pourvue, à sa partie inférieure, d'un renflement accompagné de deux volutes et se termine, à l'autre bout, par un bourrelet et un court cylindre de très faible diamètre. Les deux règles, mi partie biseautées sans raison bien apparente, ne sont pas assemblées rigoureusement à angle droit; mais cette circonstance, presque sûrement imputable à la maladresse du sculpteur, et aussi cet autre fait, tenant sans doute à la même cause, qu'il n'a été représenté que deux fils à plomb, au lieu de quatre, en admettant, ce qui serait à vérifier sur l'original, qu'il n'ait pas existé deux autres fils à plomb dans la partie inférieure, assez endommagée, de la pierre, n'empêchent d'aucune sorte de reconnaître une groma dans l'instrument figuré. Tous les éléments, tels que Rudorff les conçoit, s'y retrouvent. La tige tronconique estle ferramentum et les deux règles, avec leurs fils à plomb, forment la stella. Nous avons ainsi l'appareil démonté en deux parties; pour se le représenter dans sa position normale, il suffit de faire reposer, par la pensée, la stella sur le bourrelet du ferramentum, en engageant le court cylindre de celui-ci dans le logement qui devait lui correspondre au point d'assemblage des règles. Le support étant tenu verticalement, les quatre branches (corni cula) des deux règles se trouvaientalors horizon tales et se mouvaient, suivant les besoins, à la manière d'un tourni quet. Cette explication, déjà donnée depuis long temps par Cavedoni est confirmée par la dé couverte d'une groma à Pfünz, près d'Eichstaett, où elle est conservée dans la collection WinFig. 6628. La groma. 1:elmann. D'après la des cription qu'en a faite M. Schdne6, cet instrument, incomplet de ses plombs, qu'on n'a pas retrouvés, ne diffère que par certains détails de celui qui est représenté sur la tombe d'Ivrée. Les deux règles non biseautées, de 0 m.27 de long sur 0 m. 010 de large et 0 m. 009 d'épaisseur, en fer plaqué d'argent, assez fortement rongées par la rouille aux endroits où le placage s'est détaché, sont assemblées à angle droit, en laissant entre elles un oeilleton et coudées vers le bas, à leurs extrémités, sur une longueur de 0 m. 032 (fig. 6628 et 6629). Les crochets ainsi formés, larges de 0 m. 015 et épais de 0 m. 004 à 0 m. 003, sont percés, dans la direction de la règle à laquelle ils appartiennent, d'une ouverture circulaire où se trouve encore engagée (sauf pour un crochet moins bien conservé) une tige de fer assez semblable à un gros clou dont la pointe serait écrasée. Le support tronconique, comme sur la tombe d'Ivrée, a une longueur de 0 m. 355 et se termine, à chacun de ses bouts, par un petit cylindre. Celui du haut s'engage parfaitement dans l'oeilleton des règles ; l'autre, d'une longueur un peu plus grande, semble avoir été fait pour entrer dans du bois. M. Schène a supposé que les tiges de fer qui traversaient les crochets servaient à relier les règles à un cadre de bois destiné à les protéger contre les déformations. Les figures 6628 à 6630 montreraient de quelle façon cette liaison se serait opérée; mais le savant allemand a fait observer, avec juste raison, que le cadre ne faisait nécessairement pas partie de la groma et pourrait tout aussi bien avoir une autre forme ou manquer sans que l'appareil cessât, pour cela, de pouvoir servir. Partant de ces données, M. Schene a donné de la groma, découverte à Pffinz, la restitution cicontre (fig. 6630). Son mécanisme lui a paru plus difficile à expliquer. Contrairement à ce que l'on a cru jusqu'ici, M. Schfne ne pense pas que les directions aient été prises, en visant d'un fil à plomb sur celui qui lui était opposé. L'opération n'aurait pas été possible, à son avis, en raison de l'épaisseur du support qui se serait interposé entre les deux fils. II émet l'opinion que les directions à angle droit s'obtenaient en visant d'un fil à plomb sur le fil voisin, puis de celui-ci sur le fil qui faisait face au précédent. Ainsi, l'angle droit aurait été déterminé, non pas par les directions des règles, mais par celles des côtés du carré que formaient les fils à plomb. M. Schène s'appuie sur ce passage de Nipse, indiquant de quelle manière on devait pratiquer l'arpentage : « figes ferramentum ad lapidem ita, ne in rigore limitis figas; fixa ferramento concertes umbilicum soli supra punctum lapidis et sic perpendes ferramentum ; perpenso ferramento ab umbilico soli emittes perpendiculuin ita, ut in puncto lapidis cadat; comprehendes [quattuorl] signa ea quae posuisti in limitem; aliis cornicutis tenebis alium limitem I ». Il lui semble, d'après ce texte et surtout d'après les mots ad lapidera, que le rigor limitis n'était pas au centre de l'appareil, c'est-à-dire sur la verticale fournie par l'axe du support (ferramentum), mais à côté, au-dessous de l'un des fils à plomb, celui précisément qui, d'après sa méthode, aurait constitué le sommet de l'angle droit et porté le nom technique d'umbilicus soli. Tout cela est possible, encore que Rudorff ait pensé différemment' ; mais la disposition du ferramentum par rapport à la pierre ne ressort pas assez du texte pour qu'on doive renoncer complètement au système de visées auquel les auteurs se sont ralliés jusqu'à ce jour. L'argument que tire M. Schtine de l'épais seur du support disparaît d'ailleurs, si l'on suppose que les fils avaient une longueur suffisante pour que les plombs vinssent aboutir au-dessous du plan de la tablette du trépied dont il admet l'existence, et qui, effectivement, était plus particulièrement de nature à donner à l'appareil la stabilité dont il avait besoin. Cette hypothèse de longs fils est, du reste, d'autant plus vraisemblable, qu'on engageait parfois les plombs, ainsi que nous le savons par Héron d'Alexandrie 3, dans des tubes de bois destinés à les soustraire à l'action du vent. Avec des fils courts et des règles à hauteur d'homme, il aurait fallu donner à ces tubes, s'ils reposaient, comme c'est probable, sur le sol, une longueur trop grande, préjudiciable à leur propre stabilité. De toute manière, l'arpentage des anciens et le lever des plans (mensuratio) ne pouvaient se faire que par la méthode dite encore, de nos jours, « par abscisses et ordonnées », c'est-à-dire au moyen de mesures convenablement pratiquées suivant des lignes perpendiculaires. L'idée de remplacer les fils à plomb par des pinnules et de rendre mobile l'une des règles, en la faisant tourner sur un cercle gradué permettant, par rapport à la règle fixe, des visées de toute valeur angulaire dans tous les sens, conduisit à la dioptre, dont la description est trop connue pour qu'il soit utile de la rappeler [GEODESIA]°. Avec les perfectionnements que la science leur a fait subir, la groma est devenue le graphomètre et la dioptre le théodolite. Eu. ESPÉRANDIEU.